J’aborde ici un sujet très controversé… J’ose le poster ici, et je suis consciente que ce n’est peut-être pas une très bonne idée, mais il me semble aussi juste montrer tous les côtés que j’ai pu constater vivant là-bas, et pas seulement ces petites satires de la vie quotidienne qui font sourire certains, moi pour commencer…
Je ne peux m’empêcher de questionner un système qui a donné tant d’espoir à certains et qui continue a en donner à d’autres, mais que pour une bonne majorité des personnes qui ont pu croiser mon chemin durant mon temps ici est insuffisant et utopique.
Pour comprendre où nous en sommes il est nécessaire de comprendre d’où nous venons. Cette île magnifique souffrit pendant des longues années des abus des pays plus riches. Elle fut une des dernières à lutter contre les colons (espagnols), qui pour des raisons économiques évidentes ne voulaient pas la lâcher (c’était l’endroit idéal pour concentrer les bateaux avant le grand départ vers l’Europe en groupe pour ne pas être attaques par les pirates, ainsi que la baie de l’Havane par sa forme est extrêmement bien protégé, sans oublier les richesses qu’elle possède). Ils arrivent à se défaire des Espagnols enfin et non sans peine et voila qu’elle devient le « bordel » des USA, la mafia s’y installe, on ouvre des casinos à gogo, et les américain prennent le bateau pour y passer une nuit en jouant dans les casinos et profitant des charmes de ces femmes. Arrivent alors des sauveurs ! Et pour la grande majorité des personne ce fut le cas, ils cherchent une égalité des droits, une éducation et soins de santé pour tous. Ils veulent que tous les Hommes soient égaux. C’est un beau rêve, et je rêve aussi d’un monde pareil. Mais trop réaliste ou fataliste peut-être, j’ai perdu confiance dans l’être humain. L’être humain s’est toujours comparé, dans la préhistoire on s’est mesuré par la force, celui qui tué plus d’animaux, qui rapportais plus à manger, etc.… Aujourd’hui c’est par la qualité de vie, toujours celui qui apporte plus à manger, mais le côté matériel est notre nouvelle façon de nous mesurer… Oui, j’entends certains d’entre vous dire « mais non, c’est aussi la culture, l’intelligence ». Je me permets de vous reprendre, cela est un luxe que seulement les personnes qui ont tout, peuvent se permettre de s’octroyer… Croyez-vous que vous allez mesurer votre cerveau ou culture générale avec votre voisin si vous n’avez pas à manger tout les jours dans votre assiette ? Je vous assure que non !
Bref je me perds, au moment ou la révolution arrive, les écarts entre riches et pauvres est bien trop grande, les riches s’en vont, les pauvres rêvent. Ce fut beau au début, éducation gratuite et pour tous, santé idem, on resserre les écarts… on offre des maisons, de la nourriture à des prix modiques, des vêtements, des voitures, etc.… L’Est aide, mais voila que l’Est tombe, et voila que le rêve commence à s’embrumer. Les gens ont faim, j’ai vu des photos des personnes a cette époque et les os ressortent un peu partout, il y en a qui commencent a tuer leur chat pour avoir a manger, cette période fut appelé « spéciale » et qui pour dire vrai ça va mieux mais elle n’est toujours pas fini… quelqu’un m’a dis un jour « c’est la bonne période qui devrait être appelle spéciale, nous sommes en manque depuis lors ». Et où se retrouve le Cubain d’aujourd’hui ? À avoir un salaire d’une 20$ par mois quand une paire de chaussures de mauvaise qualité coute 50$ si pas plus ! À avoir un salaire en monnaie national quand la plus part de biens basiques à la survie se paie en pesos convertibles. Non je ne dis pas que tout est mauvais, l’éducation est toujours gratuite et de très bon niveau, la santé aussi et les médicaments sont vendus à des prix dérisoires. Mais en s’ouvrant vers l’étranger on a montré au cubain moyen tous ces biens matériels qu’ils pourraient avoir mais qu’ils ne peuvent pas ! Et l’Homme étant ce qu’il est, tristement, ne pense plus qu’a ça.
Je vous demande de réfléchir, pourquoi vous travaillez ? Je peux répondre de façon personnelle, je travaille car ça me donne une certaine satisfaction de faire quelque chose d’utile de ma vie, voir que je sers à quelque chose, une raison pour me lever le matin. Mais aussi et surtout pour pouvoir avoir un certain niveau de vie, et je ne parle pas de luxes, juste de quoi avoir un toit, à manger et m’acheter des fringues et moi car c’est mon dada comme vous l’avez compris, voyager le monde. Mais comme on me l’a souvent répété ici, il n’y a pas d’espoir, ici on travaille pour manger, tout simplement, pour ne pas avoir l’estomac vide, pour avoir ce que certains dans le monde considèrent basique, du papier toilette par exemple. Partir en vacances ? Aller au restaurant ? De quoi tu me parles ?
On a pensé qu’on attribuant des maisons, des soins basiques, de la culture pour se distraire (aussi très forte et incroyablement bonne ici et offerte a des prix modiques (aller voir Alicia Alonso, une de plus grande ballerines du monde, bon sa troupe elle ne danse plus elle a 90 ans, coûte la modique somme de 0,30$)) les personnes n’auraient besoin de plus rien, mais ils se sont trompés. L’Homme veut plus et travailler pour recevoir des certificats et un salaire ridicule ne motive personne. On se retrouve donc avec un groupe des personnes qui n’ont aucune motivation fondamentale pour travailler et qui voient la vie sans espoir car travailler est simplement pour manger.
Le rêve du début n’est plus. A ce moment là, et toujours maintenant on parlait de « nous », du peuple uni, de nous unis contre eux. Mais la réalité est maintenant autre, c’est chacun pour soi, et celui qui travaille dans un hôtel va voler le papier toilette et le revendre à son voisin pour arrondir les fin de mois, des histoires comme ça j’en ai plein. Le marché noir est fort et est l’économie du pays, celle qui permet d’avoir ce qu’on ne peut autrement. Ce n’est plus nous contre les USA, c’est devenue moi contre ne pas avoir faim, c’est moi contre ne pas avoir des chaussures trouées. Et tristement l’écart du début est à nouveau là, certain s’en sortent comme des rois, d’autres moins, d’autres ont faim. Et encore plus tristement ce pays est maintenant devenu le bordel de l’Europe ou des vieux dégoûtants viennent chercher des jeunes filles magnifiques qui ont qu’un espoir avoir une vie meilleure avec plus des choix et se tapent des vieux dégueulasses pour pouvoir payer les chaussures du petit frère…
Alors je me demande à quoi bon ? Pourquoi continuer dans une utopie qui a démontrée qu’elle ne fonctionnait pas ? Pas comme ça. Non je ne voudrais pas que ce pays devienne un pays capitaliste comme un autre, mais je me demande il n’y a-t-il pas moyen de trouver un juste milieu ?
Après une rude journée j’ai écris ceci :
Moi je suis toi, toi tu es moi, mais moi je suis lui et lui est toi. Ils sont moi. Vous c’est toi.
Toi ça n’existe pas. Moi je n’existe pas. Ils voulaient que le « nous » soit. Et « nous » c’est toi, moi, elle, ils, vous ; simplement « nous », ensemble.
Mais « nous » n’existe pas, plus maintenant, plus comme ça. Je prédomine et toi aussi
Nous tous ensemble, nous plus fort. Mais parfois le « je » est celui qui encule le « nous » avec le plus de force.